Stats à la mi-saison 2006-2007

Les chiffres à la trêve
La fin d’année est l’occasion d’effectuer des bilans. La domination lyonnaise, l’échec des poursuivants, les buts en hausse, les buteurs en baisse, analyse de la première partie d’une saison de tous les records.

Par Gildas Devos

Une différence abyssale
L’an passé à la même période, tout le monde était persuadé que Lyon, avec 12 points d’avance sur Lens, Bordeaux et Auxerre, avait déjà le titre en poche. Que pourrait-on dire alors des 15 unités que comptent cette saison les Gones sur ces même Lensois, 17 sur Sochaux, 19 sur Lille et Saint-Étienne ? Ce n’est plus un gouffre, c’est un rift. Irrémédiable ?

Avec seulement sept points de perdus, les meilleurs chiffres en attaque (39) et en défense (11), 27 points pris sur 30 possibles à l’extérieur, Lyon écrase tout. Si tout le monde gardait le même rythme (2,63 pour Lyon, 1.84 pour Lens), l’OL serait sacré champion à huit journées du terme, fin mars, et finirait la saison avec 100 points, un record.

Derrière Lyon, qui a signé le meilleur départ de l’histoire, la concurrence patine. Même les plus réguliers tels que Lens, humilié par l’OL à domicile (0-4), Sochaux, qui n’a inscrit que dix buts à Bonal, Lille, capable de s’imposer à Milan mais battu à Sedan (2-0), ou Saint-Étienne, impressionnant à domicile mais qui ne compte qu’une victoire à l’extérieur, ne peuvent tenir le rythme.

Cependant, à la même époque l’an dernier, Lyon ne comptait également qu’une défaite, avant de s’incliner trois fois au retour. L’Europe et la Coupe de France devraient faire se tasser son rythme. Mais le suspense réside désormais sur le nom du futur deuxième. Lens est d’ailleurs un bon dauphin, puisque avec 1,84 point par match, il fait mieux que Bordeaux 2006 (1,82), Monaco 2003 (1,76), et Lille 2005 (1,76), seuls Lens 2002 (1,88) et le PSG 2004 (2) faisant mieux. D’où la performance des Lyonnais…

Comme les saisons passées, le dernier quart d’heure transcende les Rhodaniens. C’est entre autre grâce aux 13 points gagnés et aux 14 buts inscrits en fin de match que l’OL a créé cette différence sidérante, puisque dans le même temps, Lens et Sochaux ont gagné trois points, Lille et Nancy un, Saint-Étienne en a perdu quatre et Marseille deux. D’ailleurs, sans le dernier quart d’heure, les Verts seraient seconds, à deux points de Lyon !

Plus de buts, mais…
Avec 1,97 buts inscrit par match avant la trêve l’an passé, on pouvait sérieusement s’inquiéter. Plus que les 0-0, les 1-0 pullulaient, les équipes fermant boutique dès qu’un but était inscrit. Canal +, le généreux diffuseur de ce spectacle pathétique, faisait grise mine.

Cependant, dans la foulée des quatre dernières journées de la saison 2005-06 (130 réalisations en 40 matches), la saison 2006-07 reprenait avec une pluie de buts (163 en 6 journées, soit une moyenne de 2,72), avec une pointe à 35 lors de la 4e journée. Problème, depuis, on retrouve les mêmes chiffres que la saison passée (273 en 13 journées, 2,1 buts par matches).

Les même causes provoquent les même effets : le 1-0 est le score le plus fréquent (21,16 %) devant les 2-1 (15,87 %), les 1-1 (12,17 %) et les 0-0 (11,64 %). On est passé de trois scores nuls et vierges lors des six premières journées (5 %) à 19 depuis (14,72 %).

Quid de nos voisins ? Lyon, avec 2,05 buts par match, fait un peu moins bien que Manchester (2,16), la Roma (2,22), ou Barcelone (2,27), le Werder Brême écrasant tout le monde (2,76). Mais si la Ligue 1, avec 2,31 buts par matches, se hisse au niveau de l’Angleterre (2,31), elle reste derrière l’Espagne (2,45), l’Italie (2,55) ou l’Allemagne (2.70).

Cherche buteur désespérément
Côté buteurs, si l’an passé Pauleta dominait nettement tout le monde (21 buts au final, avec… sept unités d’avance sur Cousin et Odemwingie), cette saison c’est la bouteille à encre.

Le Portugais a inscrit sept buts, soit cinq de moins que l’an passé à la même époque, et seulement trois dans le jeu. Il est devancé d’une réalisation par Bangoura (Le Mans), Dindane (Lens), Bodmer (Lille) et Pagis (Marseille), et partage l’affiche avec Malouda et Juninho (Lyon), les Verts Ilan et Feindouno, Ziani (Sochaux) et Savidan (Valenciennes).

A ce rythme, les buteurs de Ligue 1 battront le triste record du Messin Zénier, sacré en 1987 avec 18 petits buts. Le Marseillais Skoblar (44 buts) peut dormir tranquille. Surtout si des «gâchettes» telles que Pieroni, Grafite, Cousin, Di Vaio, Utaka (3), Koller, Kalou, Frau (2), Carew ou Diallo (1) restent en deçà de leur potentiel.

Saluons les performances des débutants Savidan (Valenciennes) et Gignac (Lorient), auteur de six buts, et de Pagis et Pauleta, toujours verts à 33 ans. Gavanon (Nancy), Rossi (Nantes) et Pauleta se sont montrés habiles sur coup-franc (2), mais restent derrière le maître Juninho (3). Jussiê (Lens) est le meilleur tireur de penalties (4), tandis que Fred marquait cinq buts en 427 minutes, soit 1,17 but par match…

En bref
La lutte pour le maintien est nettement plus serrée que l’an passé, puisqu’à la trêve, Metz, Ajaccio et Strasbourg comptaient respectivement 7, 8 et 10 points de retard sur Sochaux, 17e. Six mois plus tard, ces trois clubs descendaient.

Cette saison, Monaco, 15e, ne compte que sept longueurs d’avance sur Sedan, 20e et plus mauvaise défense de Ligue 1 (34). Des équipes comme Nice, 19e, Troyes, premier reléguable et pire défense à domicile (15), Nantes, 17e, et… le Paris-SG, 16e et plus mauvaise équipe à domicile (16 points de perdus au Parc), peuvent trembler. Quand au VAFC, 14e, qui n’a pris qu’un point à l’extérieur, seulement quatre points le séparent de Troyes.

L’an passé, 58,31 % des buts étaient l’œuvre d’étrangers, et six Français figuraient parmi les 26 meilleurs buteurs (23 %), aucun dans les quatre premiers. Cette saison le ratio retombe à 50,93 %, et on compte neuf tricolores parmi les seize premiers (56 %). L’Afrique se taille toujours la part du lion (55,05%, soit 28,04 % du total) et que le Brésil reste le pays le plus représenté (50 buts), loin devant la Côte d’Ivoire (32) et la Guinée (19).

Une nouvelle fois, et à l’opposé des autres «gros» championnats, les buteurs européens font grise mine (39 buts, contre 59 à l’Amérique du Sud), avec dix buts pour le Portugal, cinq pour les Tchèques et quatre pour la Pologne et la Suède.

Enfin, chez les passeurs, c’est Piquionne (Saint-Étienne), qui mène la danse (6), devant Niang (Marseille) et le Monégasque Gapke (5). En Ligue 1, on inscrit 52,24 % des buts sur passe, plus de 79 % à Saint-Étienne, moins de 27 % à Nice... D’ailleurs, les Verts ont effectué plus de passes décisives (23) que Lyon (21).

Si on additionne les buts et les passes, c’est toujours Piquionne qui est en tête (12), justifiant ainsi la cour effrénée que Gérard Houllier lui fait depuis quelques semaines. Suivent Malouda (11), Bangoura, Dindane, Niang, Pagis, ainsi que deux autres Verts, Ilan et Feindouno (10).

Question discipline, avec aucun carton rouge mais déjà… dix jaunes, Rool (Nice) reste fidèle à lui-même. La palme revient également à Piquionne, Cetto (Nantes) et Varrault (Nice), déjà expulsés deux fois. Par clubs, c’est Monaco qui fait très fort avec déjà six rouges et 43 jaunes. Lorient a certes eu trois expulsés, mais n’a pris que 21 avertissements.

Le mercato, qui démarre le 1er janvier, pourrait une fois de plus modifier en profondeur plusieurs de ces chiffres. Rendez-vous le 13 janvier pour la reprise de la Ligue 1 !